Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle critique un tantinet spéciale du Wildpecker. « Pourquoi spéciale ?» me direz vous … Eh bien le fait est que cette critique va porter sur un de mes 3 artistes préféré et comme vous l’aurez peut être compris je compte faire un article sur chacun d’eux. Ceci étant dit nous allons nous attaquer à cette première partie de la trilogie des « Extraterrestres du rock. »
Multi-instrumentiste, producteur, acteur, et bricoleur à ces heures perdues, le Willy Wonka du grunge n’a pas finit de nous surprendre. Né John Anthony Gillis le 9 juillet 1975 à Détroit aux États Unis, Jack White est le cadet d’une fratrie de sept frères et de trois sœurs. Désirant au départ devenir prêtre, le fait de ne pas allier sa passion, la musique, et son travail le décida finalement à délaisser le sacerdoce pour se consacrer à la musique.
Il commence sa carrière en 1990 avec les Two Stars Tabernacle et enchaîne avec The GO en 1998 mais se fait virer l’année qui suit. Heureusement, en 1997, il forme son groupe solo avec sa femme Meg White, ce groupe : The White Stripes !
The Hardest Butto To Button, le clip mythique !
C’est sûrement par le biais de ce groupe que vous connaissez Jack White, c’est en tout cas son plus célèbre. Ce duo aurait put remplacer un orchestre vivant, d’un côté Jack White malmène sa guitare électrique avec des solos à la fois violents et passionnés et de l’autre Meg White martel sa crash comme une forcené. Pour l’anecdote, Jack et Meg se sont souvent dit frères et sœurs avant d’avouer être mari et femme, cependant la symbiose des deux musiciens est la réelle base de la magie du tout.
En 2003, Mr. Jack est classé 17e au classement des 100 meilleurs guitaristes de tous les temps, du magazine Rolling Stone. Son talent reconnu il ne peut laissé que plus facilement s’exprimer son génie artistique. Il déclare dans une interview « Quand je joue un solo, c’est un combat, une attaque. Je me fous de la virtuosité. Si on m’arrête au milieu d’un solo, je serais incapable de dir si c’est un sol ou un mi ». Les mélodies des Whites Stripes sont toujours ultra basiques avec des petites imperfections, les guitares supers saturées, les cymbales qui ne s’arrêtent jamais de résonner et pourtant, l’impression de goûter au nectar du pétage de plomb. Je vous défie de ne pas appuyer les caisses claires de Meg d’un coup de tête, d’ailleurs les live sont simplement transcendants … nous y reviendront à la fin. Mais il n’y a pas que les instruments, la voix de Jack White s’accorde parfaitement avec la rudimentalité chaotique et à la rudesse sans concession du duo.
Malheuresement toutes les belles choses ont une fin et le groupe se sépare le 2 février 2011. Jack White témoigne d’une frustration mais plus encore d’une déception « Elle fait partie de ceux qui ne viendront pas te féliciter quand tu réussis quelque chose. Elle m’a toujours regardé d’un air de dire : ‘Ok, tu l’as fait, on ne va pas en faire un plat’. Les Whites Stripes, ca a quasiment toujours été comme ça, on pouvait traverser une étincelle de création hors du commun. Moi j’étais en transe, avec cette impression de rentrer dans un nouveau monde, et Meg, elle, restait assise en silence. Ringo Starr disait ‘J’ai toujours eu de la peine pour Elvis car au sein des Beatles, nous pouvions partager nos impressions. Elvis était seul’. Pour ma part c’était difficile d’essayer d’être à deux quand l’autre ne disait pas un mot. » Au final, White pense qu’il a plus aimé faire partie des Whites Stripes que Meg « Souvent, je la regardais en me demandant ce qu’elle faisait là. Je pense qu’elle n’a jamais réalisé à quelle point elle était importante pour le groupe, pour moi et pour la musique. Elle était l’antithèse d’un batteur actuel. Tellement enfantine, naïve, elle m’inspirait énormément. Et au final, tous ces silences ne comptaient plus sur scène, car rien ne nous arrêtait ».
En 2006, il fonde avec ses amis Brendan Benson, Jack Lawrence et Patrick Keeler un nouveau combo : The Raconteurs. Avec son nouveau groupe, il sort Broken Boy Soldiers en 2006 puis Consolers of The Lonelyen 2008. Deux petits bijoux qui montre que malgré The White Stripes le génie de Jack est encore loin d’être épuisé. The Raconteurs est ce que l’on appelle un « supergroupe », à l’image de The Dirty Mac, Audioslave, Blind Faith, Them Crooked Vultures ou encore Velvet Revolver, à savoir que plusieurs musiciens issus de différents groupes s’unissent pour partager leurs talents. Les quatre musiciens ont décidé de se baser dans le Tennessee à Nashville, car pour eux la scène de Détroit est morte.
Ils reprennent différents styles de musique tout en restant dans le rock d’où leur nom, The Raconteurs. On y retrouve les mêmes riffs très appuyés et classieux de son ancien groupe avec cependant des sonorités country et des influences plus blues. La vraie différence se fait au niveau de la construction musicale qui est plus complexe dans le sens où elle utilise plus d’instruments, ce qui donne un peu plus de couleurs au tout. L’idée reste pour autant très similaire avec Les Whites Stripes : pogos.
Goûte moi ça !
Plus récemment, le groupe The Dead Weather s’est formé et Jack White y joue de la batterie. L’originalité de ce projet réside dans le fait qu’Alison Mosshart, la chanteuse du groupe The Kilss, y chante. Le bassiste est celui des Raconteurs,Jack Lawrence, et de plus l’actuel claviériste de Queens Of The Stone Age, Dean Fertita y participe en tant que principal guitariste. Encore une fois pas de changement particulier, on retrouve avec un bonheur la patte de Jack White qui se démerde vraiment bien dans son nouveau rôle de batteur. Le fait qu’une fille soit au chant amène peut être un peu plus de subtilité, de plus les guitares sonnent un peu moins « baveuses » et la batterie se concentre sur la ride et pas la crash comme elle le fait d’habitude. On peut même remarquer que Jack White semble aimé jouer sur les cloches de ses cymbales (la partie bombée au centre qui à la particularité de résonner très peu) comme dans « I Can’t Hear You » ou « Blue Blood Blues ».
Mais Jack White s’est aussi illustré par le biais de sa carrière solo. Son premier album Blunderbuss (2012) m’a assez surpris dans le sens où celui ci se veut (et est) beaucoup moins hasardeux et crade que ces anciens titres. L’explication de ce changement réside sans doute dans le fait qu’avec toute l’expérience et le travail musical qu’il a accumulé au long sa carrière, Jack a voulu créer une œuvre qui lui corresponde vraiment. Qui montre sa maturité et sa volonté de créer un opus complexe et déterminé (il ne s’est jamais autant servit du piano).
Le pari réussis, l’artiste rentre dans une sorte de crise existentielle et nous reviens en 2014 avec ce que je considère comme son meilleur album depuis Elephant, je parle de son dernier bijou : Lazaretto. White est heureux, à ce moment là de sa carrière, de s’enfoncer profondément dans son univers obsessionnel, laissant ses fidèles le suivre ou non. Or, un lazarreto est un asile pour les lépreux ! White explique : « Je n’ai jamais recherché l’approbation […] J’ai seulement fait ce que j’avais à faire. Qu’on vous suive ou qu’on vous rejette, il faut continuer à mener son chemin ». C’est selon moi une très bonne définition de ce que doit être l’artiste. Des idées de mélodie lui venaient si souvent que, plutôt que de les enregistrer, il s’asseyait devant son piano ou prenait sa guitare afin de retenir les accords. « Ça m’a aidé à faire le tri, si je ne m’en souvenais pas, c’est parce que ce n’était pas si bon que ça ». En ce qui concerne les paroles, il s’est servit des pièces de théâtre et des nouvelles qu’il avait écrites à l’âge de 19 ans, quand il s’était fait renvoyer de la Wayne State University au bout d’un semestre, il explique « C’était une manière de me stimuler. Je me demandais ce que ça ferait, de travailler avec mon jeune moi. »
Mr. Jack est passé maître dans l’art d’éventrer notre folie. Inutile de passer par 4 chemins, c’est à ce jour le meilleur live que j’ai vu. Il arrive a varier les pogos et les mélodies à la perfection, techniquement ses solos sont incroyable et surtout unique ! L’ambiance qui se dégage envahit la foule qui ne forme plus qu’une masse habitée par la mélodie des instruments. A tout moment il peut décider de partir sur une impro à la guitare, le groupe suivra parfaitement. Et pourtant White a faillit ne pas faire de tournée pour Lazaretto, en effet il ne part jamais plus de 2 semaines en tournée « Ce n’est pas très malin » dit il « En quinze jours, on a à peine le temps de rentabiliser les camions. Mais je veux passer le plus de temps possible avec mes enfants tant qu’ils sont petits. » Au début de son concert un membre du staff nous a demandé de ne pas utiliser nos portable pendant le live et de profiter du moment. Je trouve la démarche géniale car aujourd’hui presque plus personne ne regarde la scène et profite du show. On s’en fou de ta vidéo que tu vas poster sur les réseaux sociaux pour dire « Regardez comme je suis cool, j’y étais ! » – T’y étais peut être mais t’as rien vu.
A Glastonburry cette année:
Jack White raconte « Lorsque nous jouions en Écosse, les gens n’applaudissaient pas, et je me suis vraiment demandé ce qui s’était passé dans ce pays. D’habitude, c’est eux les plus bruyants ! A posteriori, j’ai réfléchi et j’en suis venu à la conclusion suivante : les gens n’applaudissent plus parce qu’ils sont en train d’écrire un SMS d’une main et de boire une bière de l’autre ! Certain musiciens s’en fichent, mais moi, j’ai toujours laissé le public me dire quoi faire. Il n’y a pas de setlist. Je ne répète pas ce que j’ai à Cleveland la veille. C’est une expérience unique. S’ils ne peuvent pas me renvoyer l’énergie que je leur donne, peut être que je perds mon temps. » Heureusement les hésitations de Jack semblent avoir disparut et je vous souhaite vraiment de vivre un de ses concerts, c’est une vraie expérience.
Même si aujourd’hui il s’engueule le plus souvent avec ses voisins les Black Keys qui vivent aussi à Nashville, White dit s’intéresser à la musique des artistes comme Daft Punk, Jay-Z ou encore Kanye West, peut on ésperer une collaboration ? Quoiqu’il en soit il ne semble pas prêt d’arreter sa carrière solo et semble ravis de sa boîte de prod Third Man avec laquelle il invite régulièrement des groupes de lycéens à enregistrer leurs vyniles. Merci Jack.
… Et merci pour votre lecture
Gabriel